Romans pour adultes

En ce lieu enchanté – Rene Denfeld

encelieuenchantéUn lieu enchanté, ce n’est pas comme cela qu’on a l’habitude d’appeler le couloir de la mort. Pourtant, c’est ainsi que l’appelle le narrateur, un homme qui attend la mort en silence. Il ne parle plus depuis des années ; ici, personne n’a jamais entendu le son de sa voix.
Il ne parle plus mais il entend et écoute. Il sait tout ce qu’il se passe, ici bas, dans leur donjon sans fenêtre d’où l’on ne voit même pas le ciel. Le ciel, on ne peut l’apercevoir que lorsque l’on reçoit des visites. Là-bas, il y a une petite fenêtre et l’on peut voir les nuages, les couleurs du soleil qui se couche, les oiseaux, parfois, avec un peu de chance. Mais le narrateur n’a pas souvent l’occasion de s’y rendre…

York, lui, y va de temps en temps. Il y rencontre La Dame, qui vient pour discuter de son cas. La Dame, elle enquête sur certains cas de condamnés à mort, ceux qui intéressent ses patrons. Et York, il intéresse beaucoup de monde parce que c’est bien la première fois qu’un condamné à mort clame haut et fort qu’il veut mourir.

Elle ne dit pas qu’elle va le sauver, ça, ça arrive rarement. Mais qui sait ? Peut-être pourrait-elle trouver de nouveaux détails dans son passé, dans son affaire, qui pourrait lui donner droit à un nouveau procès ?
York n’en a pas envie mais les patrons de La Dame s’en fichent bien. Qu’il le souhaite ou non, la voilà prête à enquêter …

Mon avis

Quelle claque ! Ce roman est gris, sombre, dur, … et pourtant. Ça et là, quelques pointes de lumière viennent vous faire sourire, vous redonner confiance en l’humain. Bouffées d’oxygène dans un univers carcéral où l’on a oublié depuis longtemps que les prisonniers étaient humains.

Le plus triste, c’est de savoir qu’en sa qualité d’enquêtrice spécialisée dans la peine de mort, Rene Denfeld sait de quoi elle parle. On ne voudra pas croire que tout est vrai mais peut-être les situations qui ont inspirées les échanges entre les détenus, entre les gardiens, sont-elles pires encore. Mieux vaut ne pas le savoir …

Rene Denfeld a réussi à insuffler de la poésie à l’univers où l’on s’y attend le moins. Elle parle de chevaux d’or qui galopent, de petits hommes qui se baladent dans les murs, qui se promènent entre les cellules. On ne saura jamais ce qu’on fait les hommes qui les habitent mais ce n’est pas ce qui nous préoccupe En ce lieu enchanté.
On s’accrochera plus à ses paroles pour savoir si, dans ce lieu si gris, si froid, l’amour et la rédemption peuvent encore naître.

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