Romans pour ados

Frangine – Marion Brunet

Frangine - Marion BrunetSarbacane, 2013 - Prix : 14,90€ISBN : 978-2848655970

Joachim a dix-sept ans. Cette année, la rentrée scolaire est un peu différente ; c’est la dernière. Il a dix-sept ans et il entre en Terminale, dans un lycée qu’il connaît désormais comme sa poche. Après une matinée, il a déjà l’impression d’y être revenu depuis des semaines – ou plutôt de ne pas l’avoir quitté pendant les vacances. Joachim est un ado plutôt bien dans ses baskets. Pas premier de la classe mais dans la moyenne, il a une bonne bande de potes avec qui il aime traîner, une petite amie qu’il n’a pas vu de l’été mais qu’il est heureux de retrouver – et au vu de leurs retrouvailles, c’est réciproque ! – bref, tout roule.

Joachim a également une frangine de quatorze ans, Pauline, pour qui la rentrée ne se passe pas aussi bien. Pauline arrive d’un petit collège dans un grand lycée où elle ne connaît pas grand monde. Et dès le premier jour, c’est la cata. Alors qu’elle barre la mention « profession du père » sur la feuille de liaison pour écrire « profession de la deuxième mère », elle se fait capter par un de ses voisins de classe qui, évidemment, ne garde pas cette information pour lui. Pour Pauline, c’est le début du cauchemar. Les grandes gueules se mettent à l’insulter et les plus faibles ne disent rien – pire, certains se mettent du côté des harceleurs ! La gentille Pauline, qui vivait dans le monde des Bisounours et n’aurait jamais pu penser que le mode de vie de sa famille puisse déranger autant, se prend la violence de la réalité en pleine figure. Persuadée qu’ils finiront bien par se calmer, elle ne dit rien, ni à son frère, ni à ses mères. Mais ils ne se calment pas, vont de plus en plus loin, et Pauline se renferme de plus en plus.

L’homosexualité a déjà été abordée dans la littérature pour adolescents, mais l’originalité de Frangine, c’est d’aborder l’homoparentalité du point de vue des enfants adolescents. Petits, Joachim et Pauline n’avaient jamais eu de problème – si réflexions il y avait, elles venaient des parents, jamais des enfants eux-mêmes. Pauline s’étonne que des adolescents de quinze ans puissent croire aux conneries qu’ils disent, que des filles puissent refuser de se changer devant elle parce que « elle n’est sûrement qu’une sale gouine, comme sa mère ». Pauline se mure dans son silence, dans sa détresse, et son frère, le narrateur de ce roman, est perdu. Il voit bien que ce n’est pas la grande forme mais elle ne veut pas en discuter avec lui. Elle sait que sa porte est toujours ouverte alors s’il y avait vraiment un problème, elle viendrait lui en parler,