Romans pour ados

Jusqu’ici, tout va bien – Gary D. Schmidt

0049059191968. Le père de Doug vient de perdre son travail et toute la famille déménage à  Marysville, où il a trouvé un emploi bien plus intéressant, bien mieux rémunéré et où on reconnaîtra sa juste valeur. Enfin, ça c’est ce qu’il disait mais la  vérité c’est qu’il trouve que son emploi est tout aussi nul qu’avant, bien moins payé que ce qu’il pensait et que son patron n’est vraiment qu’un con. Chouette.

La maison dans laquelle ils déménagent est elle aussi bien en deçà des attentes ; elle est même plus petite que la précédente et Doug doit désormais partager la chambre de son grand frère avec qui il ne s’entend pas du tout. Son frère, c’est juste un abruti qui ruine tout, il n’y a rien à partager avec lui, juste les coups de leur père. Avec leur père, on sait toujours quand ça va mal se passer, il suffit de mal le regarder ou de mal répondre. Ou juste de le regarder ou de lui répondre. En gros, il vaut mieux raser les murs.

Mais sa mère, aaaah, sa mère. Ce sourire ! Ce sourire pour lequel on pourrait faire n’importe quoi, ce sourire qui donne envie de la rendre heureuse, ce sourire qui attend le retour du fils aîné, parti combattre au Vietnam et qui doit revenir bientôt oui, mais on ne sait pas dans quel état.

Doug découvre sa nouvelle ville dans laquelle il n’y a malheureusement pas grand chose à faire. Il rencontre Lil’ Spicer, fille d’épicier qui passe ses samedis à la bibliothèque. La bibliothèque, il ne voit pas trop ce qu’il pourrait y faire – il ne va quand même pas lire ! – mais il y découvre toutefois quelque chose qui l’intéresse, à l’étage, sous une vitrine. Ses samedis seront donc partagés entre son travail de petit livreur pour le père de Lil’ et ses visites à la bibliothèque. Deux activités qui lui permettront de faire connaissance avec quelques habitants de Marysville, preuve que tout n’est pas à jeter dans cette ville.

Mon avis 

Doug n’est pas sauvé par les livres mais par une autre passion qu’il se découvre : le dessin. Grâce à plusieurs personnes bien intentionnées, il se crée une bulle d’oxygène dans laquelle se réfugier.

M.Powell trouvait que je me débrouillais plutôt pas mal. Et Lil trouvait que je me débrouillais plutôt pas mal aussi. J’ai essayé de me rappeler la dernière fois où quelqu’un m’avait dit que je me débrouillais plutôt pas mal dans quelque chose. Vous savez l’effet que ça fait?

Petit à petit, par esquisse, on découvre des bribes de sa vie. Des souvenirs d’événements assez sombres mais par toutes petites touches, heureusement, ce qui évite de tomber dans le roman social trop asphyxiant – mais qui m’ont tout de même fait pleurer plus d’une fois, la vie n’ayant pas épargné le jeune Doug. A côté de cela, les habitants de Marysville sont autant de petites touches de couleur déposées à la surface et qui ne demandent qu’à s’épanouir. Chacun prendra le temps de passer par-dessus les apparences et de découvrir Doug en tant que personne et non en tant qu’appartenant à un ensemble familial totalement dysfonctionnel.

Jusqu’ici, tout va bien se déroule à la fin des années soixante avec comme toile de fond la guerre du Vietnam qui déchire l’Amérique et la conquête spatiale bien loin de la préoccupation du quotidien qui vient y insuffler un peu de rêve. C’est un très beau roman qui prend le temps de se poser et de dire ce qu’il a à dire tout en retenue. A lire et à faire lire !

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