3 minutes contre les stéréotypes

Les cheveux longs c’est pour les filles, les cheveux courts c’est pour les garçons [Podcast version texte]

Quatrième épisode du podcast « 3 minutes contre les stéréotypes de genre »

Aujourd’hui : Les cheveux longs c’est pour les filles, les cheveux courts c’est pour les garçons !

On a déjà parlé de l’apparence dans l’épisode sur les vêtements mais il est assez incroyable de voir que même si aujourd’hui on peut avoir les cheveux de plein de couleurs différentes ou voir un homme se promener dans la rue avec des cheveux longs, c’est toujours compliqué pour un petit garçon d’avoir des cheveux longs ou pour une petite fille d’avoir les cheveux courts !

Encore une fois, le problème des stéréotypes c’est qu’ils voudraient mettre tout le monde dans des petites boites.
Et ceux qui pensent comme ça voudraient pouvoir étiqueter les enfants au premier regard.
C’est notamment pour cela qu’on voit parfois des bébés chauves avec un gros nœud sur la tête : pour que tout le monde voie bien que c’est une fille !
Ou un bébé habillé avec un pyjama bleu à tracteur : pour que tout le monde voie bien que c’est un garçon !

Mais au fond, est-ce que c’est si important que cela de savoir si les autres sont des filles ou des garçons ? Les cheveux, c’est surtout une histoire de mode ! Et dans l’Histoire avec un grand H, les hommes ont bien plus souvent eu les cheveux longs que courts. Pense aux vikings, aux rois, aux chevaliers, … !

Tout au long de l’histoire, les cheveux ont évolués. Autrefois, ils ne précisaient pas forcément le sexe mais surtout le rang social ! Bien souvent, plus la coiffure d’un homme ou d’une femme était élaborée et plus il ou elle avait une place importante dans la société. C’était déjà le cas dans l’Egypte ancienne, en Grèce ou à Rome. En France, le roi Louis XIII a d’abord lancé la mode des perruques pour cacher sa propre calvitie (si tu ne sais pas ce que cela veut dire, la calvitie c’est le fait de perdre tellement de cheveux que l’on se retrouve avec des endroits du crâne où on n’en a plus)

Comme le roi portait des perruques, il y a très vite eu beaucoup de personnes de son entourage qui se sont mises à en porter aussi.
A cette époque, le blond et les cheveux très clairs étaient l’idéal de beauté et on avait très souvent recours aux teintures pour changer de couleur de cheveux. Mais le peuple qui n’avaient déjà pas assez d’argent pour manger n’en avait certainement pas à mettre dans ses cheveux ! Alors les hommes et femmes portaient leurs cheveux courts ou mi-longs et ne les entretenaient pas.

De la révolution industrielle à la deuxième guerre mondiale, ce sont les chapeaux qui témoignaient du rang social : les bourgeois les portent très hauts alors que les ouvriers et paysans privilégient encore une fois le pratique en portant la casquette. Les femmes, elles, ornent leurs chapeaux de plumes ou de rubans et parfois elles n’en portent même pas.

Au XXe siècle, ce ne sont plus les rois et les reines mais les stars qui lancent les modes capillaires : la styliste Coco Chanel met à la mode la coupe garçonne, les chanteurs et musiciens montrent que l’on peut changer de coupes et de couleurs de cheveux à chaque nouvel album.
Et que dire des sportifs et des footballeurs ? Cheveux longs, serre-têtes, décoloration, dessins au rasoir, ils osent tout et donne envie à des milliers de garçons et d’hommes de les copier !

Les cheveux peuvent aussi montrer l’appartenance à une religion :

L’Islam demande par exemple que les femmes gardent leurs cheveux cachés pour ne les offrir qu’à la vue de leur mari. C’était aussi le cas du Christianisme au Moyen Age et les religieuses cachent d’ailleurs toujours leurs cheveux sous un voile.

Certaines religions peuvent également demander aux hommes de raser leurs cheveux, comme pour les moines bouddhistes qui montrent ainsi qu’ils se retirent de la vie matérielle. Chez les Sikhs, au contraire, la pilosité des hommes et des femmes est considérée comme un cadeau de dieu et il est demandé de ne pas se les couper.

Enfin, les cheveux peuvent aussi être empreints de racisme.
De nombreux esprits, toujours colonisés par les représentations héritées de l’esclavage et la colonisation, associent le style afro à un manque d’hygiène et de sérieux, forçant les personnes d’origine africaine à subir de nombreux traitements douloureux pour avoir les cheveux lisses afin d’être dans les normes sociales établies par les Blancs.

Alors, bien sûr, quand je dis qu’elles sont forcées, je ne veux pas dire qu’on les poursuit avec un fer à lisser. Mais des études ont prouvé, par exemple, qu’une femme a moins de chance d’obtenir un emploi ou un logement si elle se présente avec une coupe afro plutôt qu’avec des cheveux lisses.

Un mouvement remettant en avant la beauté des cheveux naturels est né aux Etats-Unis dans les années 2000. En anglais, on l’appelle le natural hair movement. Dans les pays francophones, on l’a appelé le nappy, contraction des mots anglais natural et happy. Des cheveux naturels et joyeux ! Les femmes et les hommes qui arborent leurs cheveux naturels tout autour du monde dénoncent le racisme et veulent montrer que leurs cheveux aussi sont beaux, même s’ils sont différents. Eux aussi se battent contre des stéréotypes. Ce ne sont pas les stéréotypes de genre mais les stéréotypes raciaux et ils sont tout aussi néfastes !

Et si un jour, quelqu’un t’embête parce que soit disant tu n’as pas la coiffure qu’il faudrait, que par exemple tu as mis des élastiques dans tes cheveux alors que tu es un garçon, je te propose de lui répondre ceci : les élastiques, les serre-têtes et les chouchous, c’est pas pour les filles ou les garçons, c’est pour les cheveux ! 

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