Romans pour ados

« Calpurnia » : une petite fille de onze ans sur les traces de Darwin

Calpurnia - J. KellyEcole des Loisirs, 2012 - Prix : 19€ISBN : 978-2-2112-0533-7

Calpurnia Tate a onze-ans-presque-douze et vit à Fentress, petite ville de l’état du Texas, en 1899. Son père a repris la fabrique de coton de son grand-père et toute la famille vit dans une grande maison au milieu des champs de coton. La demeure n’est jamais calme, les enfants Tate étant au nombre de sept ; six garçons et Calpurnia, née au milieu comme une séparation entre les grands et les petits. Pour s’échapper du brouhaha ambiant, Calpurnia s’évade bien souvent dans la nature, se baignant dans la rivière et observant ce qui l’entoure avec une certaine curiosité.
Constatant son intérêt, Harry, son frère aîné, lui offre un carnet où noter ses observations. La jeune fille se prend vite au jeu de la parfaite petite naturaliste, notant ses observations, questions et réflexions sur les nombreux animaux et plantes qu’elle rencontre.

Dans la famille Tate, en plus des parents et des frères dont personne ne retient les noms, il y a le patriarche, le colonel Tate, grand-père de Calpurnia. L’homme est taiseux, distant et passe la majorité de son temps dans son laboratoire – quand il n’est pas en vagabondage à la recherche de sujets d’étude. Il n’a jamais accordé le moindre intérêt à ses petits-enfants mais, lorsqu’il découvre que sa petite-fille s’est vu refuser le livre de Darwin à la bibliothèque alors qu’elle voulait simplement trouver les réponses à ses questions, il décide de la prendre comme assistante.

Très vite, une belle amitié naît entre Calpurnia et son grand-père. Celui-ci lui apprend tout ce que la maîtresse néglige, c’est-à-dire les sciences mais aussi la littérature. C’est qu’à l’époque, il était bien plus important pour une jeune fille d’apprendre à coudre et à faire la cuisine que d’étudier les sciences ! La mère de Calpurnia partage d’ailleurs cette vision, trouvant que sa fille devrait passer bien plus de temps à la cuisine ou à broder au coin du feu au lieu de vagabonder à droite à gauche.

— Comment se fait-il que je doive apprendre à coudre et à cuisiner ? Pourquoi ? Tu peux me le dire ?

J’admets que ce n’était pas le bon moment pour le lui demander – elle était en train de battre la sauce pour enlever les derniers grumeaux -, mais elle s’interrompit assez longtemps pour me regarder d’un air abasourdi, comme si je lui parlais en grec ancien.

— Quel genre de question est-ce donc ? dit-elle avant de verser la sauce et de la remuer vigoureusement dans une casserole d’où s’élevait un délicieux fumet.

Mon Dieu, quelle réponse lamentable ! La réponse à ma question était-elle si enracinée dans notre façon de vivre, si évidente, que personne ne prenait le temps de réfléchir à la question elle-même ? Si personne autour de moi ne comprenait cette question, alors personne ne pourrait y répondre. Et s’il était impossible d’y répondre, j’étais condamnée à m’occuper uniquement, ma vie durant, des choses réservées aux femmes. J’avais le moral au plus bas.

Mon avis

L’histoire de Calpurnia et son grand-père plonge le lecteur à une époque qui n’est que peu représentée dans la littérature de jeunesse : l’Amérique post guerre de Sécession qui entre à petits pas dans les Temps Modernes. Une fois encore, seul le grand-père Tate se démarque, se passionnant pour les nouvelles inventions et rêvant de conduire un jour une automobile.
On aurait presque l’impression d’être chez les petits cousins des Ingalls, au point que l’on ne serait même pas surpris de voir débarquer Laura ou Mary aux côtés de Calpurnia dans la cour de l’école. C’est une époque très riche et très intéressante à découvrir avec les yeux d’un enfant.

Calpurnia est une très beau roman de la littérature jeunesse qui aborde la transition difficile entre l’enfance et l’adolescence/l’âge adulte mais également le combat difficile pour l’éducation que devait mener une petite fille au début du vingtième siècle. La belle amitié intergénérationnelle entre Calpurnia et son grand-père démontre également que l’on peut apprendre à tout âge et que le soutien dont on a parfois le plus besoin ne se trouve pas si loin.

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