Documentaires pour enfants

Zizis et zézettes (Mes p’tits pourquoi – Milan)

Zizis et zézettes, en voilà des mots qui font rire les enfants. Du moins quand ils sont petits, en maternelle, et qu’ils aiment les lancer dans l’espace sonore pour provoquer un peu les grands, comme ils le font aussi avec « Prout ! » et « Caca ! ».

A la bibliothèque, j’ai remarqué que cela change radicalement une fois les enfants entrés en primaires.
Lors de mes animations sur l’égalité de genre et les stéréotypes, les enfants de 6-9 ans se bouchent les oreilles si l’on parle de ce qu’eux nomment « les parties intimes ».
« On ne peut pas dire ça, madame ! », « Chuuuuuuut ! », « Arrêtez ! ».
A croire que je lance des insanités quand je ne fais que nommer des parties de leur corps.

Zizi et zézette sont des termes qui n’enchantent pas tout le monde. Il y a celleux qui veulent que l’on nomme les choses par leur nom et qui préfèrent utiliser pénis et vulve. Personnellement, je préfère partir de ce que l’enfant connaît et avant de les nommer moi-même, je leur demande comment ils les appellent. Pour le pénis, c’est zizi qui l’emporte haut la main, il n’a même pas de concurrent. Parfois, même, les enfants me disent pénis.
La vulve n’est jamais nommée comme telle, par contre. J’ai le choix entre zézette, quiquine, prune, …

Mais ce qui revient encore le plus souvent, c’est « les parties intimes », une expression qui englobe les sexes masculins et féminins mais qui ne défini rien, qui n’en parle même pas mais les mets sous clés. C’est intime, c’est secret, on n’en parle pas – et ils me le disent.

L’âge où ils aiment en parler, donc, c’est l’âge de la maternelle. Et une collection parfaite pour les enfants de cet âge, c’est « Les p’tits pourquoi » des éditions Milan. En cherchant les mots pour en parler avec les plus grands que j’ai en animation mais également, et surtout, avec mon fils de quatre ans, je me suis donc tournée vers « Zizis et zézettes« .

(A noter que la première édition dont voici la couverture est destinée aux 3-6 ans alors que ma réédition de 2019 s’adresse aux 4-7 ans. Preuve une fois de plus que déterminer un âge précis est loin d’être évident. Allons-y à la grosse louche et conseillons-le aux 3-7 ans ainsi qu’à tous ceux qui s’intéressent au sujet.)

Dans l’ensemble, j’ai trouvé ce que je cherchais dans ce livre :

  • Les différentes parties des sexes masculins et féminins sont nommées : pénis, testicules, gland et vulve, vagin et grandes lèvres.
    Il manque malheureusement le clitoris et je regrette l’appellation « fente de la zézette » pour l’urètre. C’est plutôt chouette d’avoir un schéma interne pour le vagin mais dommage de ne pas en avoir un externe.
  • On parle aussi des différents mots que l’on peut utiliser pour nommer le pénis et la vulve. Personnellement, j’en suis contente car cela « valide » ce que l’enfant connaît déjà. On ne se positionne pas contre lui, on l’accompagne. Et on légitime le fait d’en rire, cela veut dire qu’on a tout à fait le droit d’en parler.
  • Il y a une double page sur la masturbation féminine et masculine et ça, c’est bien la première fois que je le vois dans un livre à destination des enfants.
  • Les poils et leur utilité sont également évoqués, on voit d’ailleurs les parents nus (mère sous la douche, père dans sa chambre).
  • On parle de l’érection

Bon, tout n’est pas rose, il y a aussi des choses qui m’ont déplues comme le fait que la pédiatre vérifie la mobilité du prépuce. La maman prévient d’ailleurs qu’elle risque de le faire mais on ne parle pas de consentement.
D’ailleurs, il n’y a aucune notion sur le consentement en général et c’est vraiment dommage.

Pour résumer, ce n’est pas l’ouvrage parfait que l’on attend tou.te.s mais « Zizis et zézettes » est déjà très bien pour aborder cette grande question qui gène beaucoup de parents et il trouvera sa place et dans ma bibliothèque professionnelle et dans celle de mon salon.
Et comme toujours, on est libre de grapiller ce que l’on veut dans le livre, d’y piocher les mots que l’on cherche, de le laisser de côté et d’y revenir plus tard.

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