Romans pour ados

Songe à la douceur – Clémentine Beauvais

couv Songe a la douceur

C’était l’été, Tatiana traînait à la maison, perdue dans ses livres, pendant que sa sœur Olga, se faisait conter fleurette par le voisin, Lenski. Les deux jeunes se retrouvaient chaque jour et brulaient de leur amour, plus rien d’autre n’existant. Eugène est arrivé chez Lenski pour les vacances et il a pris l’habitude de passer la haie en compagnie de ce dernier. Alors que Lenski et Olga passaient leur temps à s’éclipser, il restait seul dans le jardin avec Tatiana. Doucement, prudemment, ils engagèrent la conversation et, très vite, il fut clair qu’il se passait quelque chose. Une petite étincelle … qui mit le feu le soir de la fête d’anniversaire de Tatiana. Après cette soirée, plus rien ne fut jamais pareil.

Aujourd’hui, Tatiana et Eugène se retrouvent. Par hasard, dans le métro. Ils pourraient en rester là mais Eugène, qui avait repris sa vie comme avant, oubliant Tatiana, se rend soudainement compte qu’il ne pourrait vivre un jour de plus sans elle.

Mon avis

Songe à la douceur est une adaptation du roman en vers d’Alexandre Pouchkine, Eugène Onéguine. Je vais être honnête, je n’en avais jamais entendu parler, pas plus que je n’avais entendu parler de tétramètre iambique, la forme de vers utilisée. La poésie ne m’a jamais parlé, jamais intéressée. Jamais des vers n’ont fait écho à mes sentiments et même si, de temps en temps, il m’arrive de dire que « c’est beau », la plupart du temps cela m’ennuie.

Songe à la douceur, est le projet un peu fou de Clémentine Beauvais, celle qui m’a fait dire après Comme des images qu’elle est vraiment douée pour aborder des sujets sensibles et après Les petites reines qu’elle est vraiment douée et en plus vraiment très drôle.

Elle a pris le pari de transposer une intrigue du début du 19e siècle au 21e siècle. De prendre une histoire d’amour dans la Russie Impériale avec tout ce qu’il faut de drames, de belles et nobles familles et de mariage arrangé et de la placer dans la banlieue parisienne d’aujourd’hui, quittant la neige pour le temps ralenti des vacances d’été. Surtout, elle a pris le pari d’écrire en vers un roman pour adolescents. « Vous n’avez jamais rien lu de pareil » nous dit-on. Et c’est vrai.

Les vers ont pénétré mes yeux, mon cerveau et mon cœur. J’étais assise dans le train et je me serais bien mise à les déclamer à haute voix dans la musique des mots était douce à mon oreille.

Les mots sont justes, aucun n’est de trop, aucun ne manque. La pointe d’humour est toujours là quelque part, en profondeur ou en surface, et on ne peut que tomber très vite amoureux de ces deux-là, Tatiana et Eugène, protagonistes d’une histoire d’amour que l’on nous raconte tantôt au passé, tantôt au présent. L’été des quinze ans de Tatiana, il s’est passé quelque chose, un drame dont on découvrira les tenants et aboutissants au compte-goutte. Un petit drame regretté aussitôt qu’arrivé mais qui a malheureusement tout changé.

Ce qui pourrait passer pour une histoire fleur bleue ne l’est pas du tout. Difficile de savoir quels sont les ajouts de Clémentine Beauvais sans avoir lu le roman de Alexandre Pouchkine mais les personnages de Songe à la douceur sont complexes tout en étant parfois très plats. Leur vie amoureuse se mélange avec leurs aspirations, la vie peut les ennuyer autant que les passionner, ils font parfois des choix étranges, dont ils ne comprennent pas les implications, se retirent et enclenchent le bouton pause, passant en mode égoïste. Comme nous tous, non ?

Rarement un livre ne m’a fait autant d’effet. Il est aussi profond qu’il est doux et c’est ce mantra qui me reviendra probablement en thème à chaque fois que j’y repenserai : Songe à la douceur.

Un extrait 

Songe a la douceur_p22-23

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