Romans pour adultes

L’invention des ailes – Sue Monk Kidd

414W1AbFpLL._SX210_L’histoire commence en Caroline du Sud, en 1803. Sarah Grimké, jeune fille de bonne famille, reçoit pour ses onze ans une esclave, Handful. Sarah n’accepte pas cette situation et cherche tous les moyens possibles pour la « retourner » – ou mieux, l’affranchir ! – mais c’est malheureusement impossible. Elle accepte donc comme elle peut et tente d’améliorer le quotidien de celle qu’elle considérera comme une amie, faisant même la promesse à la mère d’Handful qu’elle l’aidera à être libre. Mais les années passent, les jeunes filles deviennent des jeunes femmes et Sarah doit malheureusement reconnaître que la situation de Handful n’a pas évolué d’un iota, pas plus que la sienne. Sarah grandit et se découvre entravée dans sa liberté d’esprit ; elle qui se rêvait avocate se heurte à la loi des hommes qui ne laisserait jamais une femme faire de grandes études et arriver au barreau.

« Mon désir de devenir juriste s’était retrouvé enterré dans le cimetière des espoirs déçus, une institution réservée exclusivement aux femmes. »

Mon avis

En ouvrant L’invention des ailes, je m’attendais à lire une histoire d’amitié entre une petite fille riche et son esclave mais l’histoire est bien plus grande que cela !
Je ne sais pas vraiment si l’on peut qualifier de relation d’amitié, la relation qu’entretiennent Sarah et Handful. Sarah pense être l’amie de Handful, ça, c’est certain, mais l’amitié n’est certainement pas égale. Elles ont beaucoup de respect l’une pour l’autre, reconnaissent chacune chez l’autre de grandes qualités et un certain entêtement.

Sue Monk Kidd accompagne ses personnages sur une longue période, de leur dix ans à la cinquantaine. Elle dresse le portrait de Sarah Grimké, une féministe et abolitionniste américaine qui a réellement existé, comme je l’ai découvert à la fin de ma lecture. De jeune fille qui ne se reconnaît pas tout à fait dans les valeurs de sa famille, elle devient une femme convaincue que les inégalités doivent disparaître. Se sentant depuis toujours différente, elle finira par accepter sa différence et vivra comme elle l’entend.

Handful, elle aussi, forgera son caractère. Elle a eu la chance d’avoir sa mère avec elle dans la maison des Grimké, où elles étaient toutes les deux esclaves, et a grandi avec une figure maternelle forte, qui ne s’est jamais laissé démonter. Bercée par ses histoires, elle a grandi en connaissant son histoire et l’histoire des siens, ce passé d’esclaves qui leur colle à la peau.

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