Romans pour ados

Dis-moi si tu souris – Eric Lindstrom

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Parker a seize ans et elle est aveugle. Elle n’y voit rien, non rien du tout, pas même du flou. Parker n’y voit rien mais elle mène une vie identique à celle des adolescents de son âge. Il y a quelques adaptations, c’est vrai. Elle a une élève guide qui l’accompagne pendant les cours pour lui dire ce que le prof a noté au tableau ou pour l’aider à réviser. Mais on s’adapte, justement, ce n’est rien de trop difficile. Le plus difficile, ce sont les autres. Imaginez-vous, si vous étiez aveugle. Vous auriez du mal à vous repérer au début, bien évidement, mais après un temps d’adaptation, vous connaîtriez la disposition exacte des meubles dans votre maison tout comme l’emplacement de votre casier. Avec un peu d’entraînement, vous pourriez même vous rendre à pied au travail ou à l’école. Oui mais il y a les autres. Les oncle, tante et cousins qui viennent s’installer dans votre maison et déménagent les meubles, les voisins qui laissent leur voiture garée sur le trottoir et, surtout, ceux qui arrivent sans prévenir et vous touchent, vous prennent dans leurs bras.

Pour vivre en communauté dans le meilleur des mondes, Parker a édicté des règles :
– ne pas la toucher sans lui avoir demandé
– ne pas déplacer ses affaires
– ne pas l’aider si elle ne l’a pas expressément demandé
– ne pas parler à sa place – elle est aveugle, pas muette

et tout un tas d’autres règles jusque l’infini, la plus importante étant qu’il n’y a pas de deuxième chance. Si vous trahissez sa confiance, c’est fini.

Mon avis

Si j’étais aveugle, je devrais faire une confiance absolue aux gens qui m’entourent. Une confiance aveugle comme dit l’expression. Prenons un bête exemple, je suis dans un endroit public et je veux passer un coup de téléphone privé, je vais donc me mettre dans un coin tranquille et je vérifie qu’il n’y a personne. Parker, elle, ne peut jamais être sûre de quelque chose que si on le lui dit. On n’a donc pas intérêt à se moquer d’elle.

Parker n’est pas l’adolescente la plus charmante au monde. Oh, elle est très sympa avec ses amis mais elle est connue pour être assez franche et ne pas avoir de tact. Parker, elle y va cash. Son entourage le sait et vit avec et, en tant que lecteur, il faut apprendre à vivre avec cet aspect de sa personnalité également si on veut apprendre à l’aimer.

Mes observations sont toujours bien moins nombreuses que les siennes, évidemment, puisqu’elle est les yeux et que je suis la bouche, mais personne ne peut nier que quand je l’ouvre, je sais de quoi je parle.

Il ne faut pas avoir fait de longues études pour se rendre compte que c’est un système de défense. Parker se protège du monde extérieur, est constamment sur la défensive et, une fois que vous en aurez appris plus sur sa vie familiale, vous n’aurez pas trop de mal à comprendre pourquoi. Parker est une battante et le bandeau qu’elle se met chaque jour sur les yeux vient compléter son apparence de guerrière.

L’adolescente a des amis extraordinaires et très attachants. Le genre qui ne posent pas de questions en cas de crise et qui sont là en soutien moral au moindre signe. J’ai passé un très bon moment avec eux et je me suis surprise à être en manque de Sarah, Molly, TDN … et même cette petite « peste » de Parker lorsque j’ai refermé le roman.

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